12- L'empreinte transfigurée
Polycrate d'Éphèse
à ne pas confondre avec Polycarpe
une de nos sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Polycrate_d%27%C3%89ph%C3%A8se
Polycrate est évêque d'Éphèse (Asie mineure) à la fin du IIe siècle.
Il a dû naître vers 130 puisque, sous le pontificat romain de Victor Ier qu'on situe généralement vers 189-199,
il nous dit qu'il a soixante-cinq ans. Sa famille devait déjà être chrétienne depuis un certain temps,
car il affirme qu'il est le huitième évêque qui en est issu.
Nous le connaissons par la lettre qu'il rédigea à l'intention du pape Victor
à l'occasion de la querelle pascale, pour réaffirmer avec force la volonté des « Quartodécimans* » de ne rien changer à leurs traditions.
À la faveur du grand prestige dont jouit l'Église de Rome à cette époque, Victor aurait voulu contraindre toute la chrétienté
à suivre l'usage occidental qui impose de fêter la Résurrection un dimanche.
Son initiative, pour laquelle il s'appuie sur la tradition apostolique, provoque des réunions d'évêques un peu partout en Orient :
à Jérusalem autour de Narcisse et de Théophile de Césarée, dans le Pont autour de Palmas, à Corinthe autour de l'évêque Bachylle,
dans l'Osroène dont les évêques se réunissent sans doute à Édesse... Tous ces synodes rejettent l'appel de Victor et confirment la tradition orientale,
héritière de la Pâque juive, qui veut que Pâques se fête le quatorzième jour de la lune, quel que soit ce jour dans la semaine.
Polycrate — à qui son siège johannique, son âge ou son ancienneté doivent donner un prestige particulier —
a été chargé par Victor d'assembler les évêques d'Asie Mineure. À l'issue de la réunion, ceux-ci le chargent à leur tour de répondre à Victor en leur nom.
Eusèbe nous a conservé l'essentiel de cette lettre qui a dû être largement répandue en Orient. Polycrate le prend de haut.
Il ignore Victor et s'adresse aux « frères » de l'Église de Rome. Il rappelle les « grands astres » qui reposent en Asie
et « ressusciteront au jour de la parousie du Seigneur quand il viendra des cieux avec gloire et recherchera tous les saints » :
l'apôtre Philippe et ses deux filles à Hiérapolis, saint Jean à Éphèse même - on notera en passant que Polycrate nous donne ici
l'un des plus anciens témoignages de la sépulture de Jean à Éphèse - les martyrs Polycarpe et Thraséas de Smyrne, Sagaris
le martyr de Laodicée et Méliton de Sardes « qui a vécu entièrement dans le Saint-Esprit »... Tous ces saints hommes « ont gardé le quatorzième jour...
en se conformant à la règle de la foi ». Lui-même, Polycrate, né d'une famille qui comptait déjà sept évêques avant lui, a toujours vu ses parents faire de même.
« Pour moi donc, frères, j'ai soixante-cinq ans dans le Seigneur, j'ai été en relations avec les frères du monde entier, j'ai parcouru toute la Sainte Écriture ;
je ne suis pas effrayé par ceux qui cherchent à m'émouvoir, car de plus grands que moi ont dit : Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. »
Il néglige de donner le nom de tous les évêques (« très nombreux ») qui approuvent sa lettre à lui, Polycrate,
qui a les cheveux blancs et qui a toujours vécu dans le Christ.
On sait que Victor, furieux, voulut excommunier tout l'Orient.
En Occident même, des évêques — dont Irénée de Lyon —
tentèrent de le calmer et de faire appel au bon sens et à la charité. En vain, semble-t-il.
À la mort de Victor, en 198 ou 199, le problème restait entier et les Quartodécimans fidèles à leur tradition.
- Eusèbe, Histoire ecclésiastique, V, 23-24.
C'est notre seule source. Les citations sont tirées, sauf une ou deux retouches mineures,
de l'édition de Gustave Bardy, coll. 'Sources chrétiennes' - Paris, Édit. du Cerf, 1955..................................................................
https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A2que_quartod%C3%A9cimaine#Les_raisons_possibles_de_la_confusion
*Pâque quartodécimaine
La Pâque quartodécimaine est une fête religieuse qui a été pratiquée essentiellement jusqu'à la fin du ive siècle par les Églises chrétiennes d'Asie.
Celles-ci célébraient la Pâque au soir du quatorze Nissan (qui débute au coucher du soleil comme tous les jours des calendriers hébraïques),
c'est-à-dire la veille de la Pâque juive, alors que les Églises liées à Rome fêtaient Pâques le dimanche suivant. Nissan (dénommé Aviv avant l’exil à Babylone)
est le premier mois du calendrier juif, dont les dates des jours commencent avec le coucher du soleil et se terminent avec le coucher du soleil suivant.
Le premier jour du mois de Nissan était déterminé par l’observation du lever de la nouvelle lune visible
par les prêtres du temple antique à Jérusalem, première nouvelle lune suivant l’équinoxe de printemps.
La date de la Pâque du calendrier juif actuel peut différer de la Pâque des hébreux antiques et des chrétiens du Ier siècle1,2 parce que,
d’une part, le calendrier juif actuel est basé sur la nouvelle lune astronomique alors que le lever de la nouvelle lune
ne peut être visible à Jérusalem que 18 à 30 heures plus tard, et que, d’autre part, la majorité des juifs actuels célèbrent la Pâque le 15 Nissan.De nos jours, les Églises chrétiennes célèbrent Pâques à une date indépendante du calendrier juif, selon les prescriptions du Concile de Nicée.
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